Vous avez dit Ayrvéda ?
Voilà un mot dont la résonnance nous indique qu’il vient d’un peu plus loin que nos frontières. Mais bien plus qu’un mot, l’Āyurveda est une science et une philosophie ancestrales ayant nourri de nombreuses thérapies complémentaires, à l’image de la naturopathie. Gwenaëlle Mellier, praticienne ayurvédique, nous parle avec passion de cette science riche de tant de choses.
Par Virginie Landemaine
C’est bien simple, l’Āyurveda est une des médecines parmi les plus anciennes au monde puisqu’elle date d’environ 5 000 ans. Cette « science de la vie », étymologiquement parlant, englobe tous les aspects de l’existence. Pas étonnant donc qu’elle ait été, et soit toujours aujourd’hui, une source d’inspiration en matière de santé et de bien-être. Pour Gwenaëlle Mellier, l’Āyurveda est entrée dans sa vie un peu par hasard, pour peu bien sûr que l’on croit aux hasards. «C’était il y a 10 ans, au cours d’un stage Yoga et Āyurveda. J’étais alors enseignante de yoga et le but de ce stage était de nous apprendre comment le yoga pouvait être adapté à la constitution de chacun, ce qui n’est rien d’autre que le principe même de l’Āyurveda. J’ai été immédiatement passionnée ! ».
Rechercher l’équilibre
Plusieurs années de formation plus tard, avec des enseignants de haut vol tels qu’Isabelle Hernandez en France, David Frawley, le vaidya Ātreya Smith, médecin spécialisé en Āyurveda, Gwenaëlle accompagne désormais ses clients dans le but de les aider à comprendre le fonctionnement de leur corps et de leur mental dans sa globalité. « L’Āyurveda repose sur une méthodologie très précise qui permet de comprendre ce fonctionnement et les interactions permanentes avec l’environnement, à savoir l’alimentation, le climat, l’habitat,… L’Āyurveda s’appuie pour cela sur cinq éléments fondamentaux : la terre, l’eau, le feu, l’air et l’éther, et à chacun de ces éléments sont associés des gunas, vingt propriétés, que l’on retrouve à la fois dans toute chose créée sur la terre et dans les trois doshas, les trois énergies ou principes intelligents qui gèrent le métabolisme d une personne et que l’on nomme vata, pitta et kapha». Au cours d’un bilan ayurvédique, Gwenaëlle mène ainsi l’enquête dans le but de déterminer le fonctionnement unique de son client, et ainsi pouvoir l’accompagner de façon personnalisée. « À partir de cette compréhension fine qu’offre l’Āyurvéda, j’essaie d’obtenir une vision globale de la personne dans le but de déterminer si son ou ses dosha dominants sont plutôt vata, pitta ou kapha. J’observe sa structure corporelle, son fonctionnement métabolique, analyse sa façon de vivre, de travailler, ses interactions avec sa famille, ses amis. Je vois ensuite si mon observation révèle des déséquilibres, c’est-à-dire une Vikriti ou un état d’équilibre, proche de sa constitution de naissance, sa Prakriti, état lui apportant normalement santé, joie, inspiration…
« Plus tu te connais intimement, plus tu peux comprendre ce que tu dois rééquilibrer »
Cet état d’équilibre, l’homéostasie, notre corps le recherche en permanence. Pour illustrer cette recherche naturelle d’équilibre, il suffit de prendre conscience de notre réflexe lorsque nous avons froid : prendre une boisson chaude ! « Une tisane chaude avec du gingembre ou du thym est en effet tout indiquée pour une personne ayant froid. De même qu’une personne ayant le sommeil léger et / ou des difficultés à s’endormir aura intérêt à se couvrir avec une couverture lourde, et d’appliquer une huile au sésame, lourde aussi, sur ses plantes de pieds, pour s’alourdir ».
L’objectif de l’Āyurveda est de déceler les excès ou déficits des doshas, qui sont les causes profondes de nombreux problèmes digestifs, de sommeil, inflammatoires…
Des réponses personnalisées
Au terme d’un bilan ayurvédique d’au moins 2 heures, Gwenaëlle est en mesure d’apporter des réponses personnalisées, de fournir pour beaucoup des conseils alimentaires mais aussi des conseils sur l’organisation de la vie comme les horaires de coucher, de repas, de travail. Elle peut insister sur la nécessité d’apporter plus de régularité dans la vie pour l’un, ou de trouver une activité sportive permettant de remettre en mouvement le corps et le mental. Elle précise à ce titre que « quelque part, ce sont les actions répétées, comme les repas notamment, qui ont le plus d’effets pour rééquilibrer ou déséquilibrer».
Parmi les conseils qu’elle apporte, les épices et les plantes figurent en bonne position dans sa trousse de praticienne ayurvédique. Les plus néophytes d’entre nous ont peut-être déjà entendu parler de ces précieux alliés en Āyurvéda ?
« Les plantes constituent en effet un soutien pour revenir vers l’équilibre, mais seront inefficaces et pourront même se révéler toxiques si l’organisme n’arrive pas à les digérer correctement ou si ce dernier recèle déjà des toxines. Les épices plus faciles d’utilisation pourront être déjà une première étape pour réguler le feu digestif, détoxiner en douceur le corps. Ce feu digestif est en fait la clef de notre santé, il joue sur la capacité de la personne à digérer les aliments mais aussi les émotions et les pensées, car l’Āyurveda ne fait pas de distinction entre digestion physique et mentale ».
La capacité d’élimination est un autre point très important en Āyurveda car si les déchets du corps ne sont évacués chaque jour les toxines, Ama, s’accumuleront dans les endroits de faiblesse du corps et à plus long terme seront les terreaux favorisant l’apparition de troubles plus importants.
Notre corps est à l’image d’un véhicule. Tout comme aux moindres bruits suspects, nous emmenons notre voiture chez le garagiste pour éviter la panne, Gwenaëlle nous invite à interroger les problèmes mineurs dès qu’ils apparaissent, souvent faciles à résoudre et à ne pas les laisser s’installer.Dans tous les cas, pour l’Āyurveda, plus tu te connais intimement, plus tu peux comprendre ce que tu dois rééquilibrer au fil des saisons et des âges de la vie
Petit lexique ayurvédique
Guna : qualités propres à chacun des 5 éléments. Par l’observation de l’expression des gunas dans le corps et le métabolisme, le praticien ayurvédique va déterminer la Prakriti, la constitution de naissance, d’équilibre, de santé et la Vikriti, l’état de déséquilibre.
Doshas : il s’agit des trois énergies ou principes d’intelligence gérant le métabolisme. Ces 3 doshas sont : vata gérant le mouvement dans le corps, pitta gérant la transformation et kapha la cohésion.